dimanche 10 juillet 2011

Sur le Chemin de Compostelle ( 5eme episode)


3  juillet 2001

D abord un résumé des épisodes précédents pour ceux qui rejoignent cette aventure aujourd’hui :

Depuis 6 ans avec Jean,  nous avançons par petits bouts le long de ce chemin mythique.
Nous avons déjà fait le trajet du Puy en Velay jusqu'à Roncevaux et un bout du Chemin d Arles,  puis une pause de deux ans pour différentes raisons.
Cette année nous reprenons la route ! 
Nous partons de Roncevaux où nous nous étions arrêtés il y 3 ans.

Cette fois ci TGV - TER et taxi, nous permettent en un jour de partir de Paris, traverser les Pyrénées et arriver a Roncevaux.

Il faut que je parle de ce qui semble être une tradition du pays basque : sur le trajet en train de Bayonne à St Jean Pied de Port,  par 2 fois nous avons eu droit à une exhibition de fesses !
C'est sans doute ce que l'on appelle le chaleureux accueil basque ? 

Nous nous retrouvons en pays connu, au pied des montagnes.
Pour l'hébergement, Imaginez une grange en pierre de style médiéval dans laquelle s' entassent plus de 200 lits superposés ! Impressionnant !
Accueil un peu froid par des hollandais mais tout est propre et bien organisé. Un copieux "repas pèlerin" nous permet de passer une bonne nuit entourés de nos compagnons de route.
Extinction des feux à 22h précises. Ils ne se rallumerons qu'à 6 h avec obligation d'avoir quitté les lieux avant 8h30. Cela peu paraître spartiate mais c'est la règle sur la partie espagnole du Chemin.


Lundi 4 juillet

Une étape de 20 Km pour commencer, c'est bien pour se mettre en jambes !
Il me faut  reconnaître que j'ai énormément de difficulté dans les montées. Je suis obligé de m' arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle, tous mes membres me font mal ! Dès que suis sur le plat, je file sans encombre ! C est comme cela et je n'y peux rien !
Nous devons passer de 1000 m d altitude à 500 m. Ce qui est à première vue plutôt encourageant.
Pendant toute la journée j'ai eu l'impression de ne faire que monter des pentes. Je n'ai jamais vu une dénivellation de 500m avec autant de montées !

Nous traversons de jolis villages bien entretenus, faisons une halte pour prendre un café et manger un excellent sandwich garni d'une omelette.
Quand nous arrivons au gîte d'étape à Zubini nous découvrons que celui de Pampelune où nous devons dormir demain est fermé !
Je demande a Françoise de voir sur internet si elle ne peut pas trouver un hébergement pas trop cher. Il n y a rien de libre : c est la feria de San Firmin ! Avec les fameux lâchés de taureaux dans les rues de la ville ! Après bien des recherches elle nous trouve un hôtel a 4 Km au sud de la ville. Ouf ! Merci Françoise !
Comme tous les jours quand nous arrivons dans un gîte nous avons le même rituel : une bonne douche et lavage des vêtements, ensuite repos et visite de la ville. Ici il n'y a pas grand chose à voir, si ce n'est un vieux pont médiéval.
Nous en profitons pour nous intéresser aux spécialités locales : ici le patcharan, alcool aromatisé aux pruneaux que nous consommons bien sûr avec modération !
Un copieux repas pèlerin clôturera la journée


Mardi 5 juillet 2011

Départ à la fraîche, il se forme même de la buée avec notre respiration. Avant d'arriver à Pampelune nous traversons une banlieue composée de belles demeures et de bâtiments modernes : puis tout d un coup nous sommes à nouveau dans un bout de campagne avec des champs sur un côte de la route.
Une femme poussant une personne âgée en fauteuil nous arrête pour nous donner deux bonbons ! Nous constatons tous les jours aux salutations que nous recevons " Bon camino" que le fait d'être pèlerin est un statut reconnu, ce qui n est pas le cas en France où nous passons pour de simples marcheurs.

Nous entrons dans Pampelune par un vieux pont en dos d'âne puis nous cheminons entre des fortifications dignes d'un Vauban local,
une dernière grimpette et nous voici dans la vieille ville: visite de la cathédrale (sans grand intérêt à mon avis) en revanche, l'église qui se trouve un peu plus loin est étonnante avec son parquet composé de grandes plaques de bois. Je me demande si ce ne sont pas des sépultures.
C'est bien de faire du tourisme, mais il nous faut rejoindre notre hôtel. Comme nous sommes dans la partie piétonne de la ville, il n'y a pas de taxi en vue. Heureusement tout a une fin et à la première rue rendue aux véhicules nous trouvons notre bonheur.
L'hôtel est très bien ! Une agréable surprise nous attend en sortant : un arrêt de bus juste en face et en 15 mn nous sommes au centre ville.
Nous assistons aux préparatifs de la fête, visitons en touristes consciencieux, la mairie;

les monuments, apprécions surtout une sculpture grandeur nature de la course de taureaux et des aficionados.
La ville est prête pour recevoir les courses de taureaux, même les fenêtres en sont décorées.

Le soir, je fais découvrir à Jean le plaisir de faire un dîner de tapas en passant de bar en bar: 

Mercredi 6 juillet 2011

N'étant pas exactement sur le chemin nous le retrouvons facilement au bout de 2 Km.
Un col à 700 m d altitude nous attend. Ce ne sera pas trop difficile car c'est une pente douce et régulière qui y conduit. Le col est signalé par une longue sculpture en fer représentant des pèlerins et des ânes. Nous y faisons une pause venteuse.


La descente est plus difficile car le chemin est pentu et nous glissons sur les cailloux.

Nous arrivons à Punte de la Reina où le chemin venant de St Jean Pied de Port rejoint celui qui vient d'Arles


Beau pont sur la rivière et comme partout depuis le début, de gros blasons sur les maisons, quelque soient leurs importance ou leur âge.
Sur le clocher de l'église plusieurs nids de cigognes
Pour le dîner nous faisons un mixte tapas et repas pèlerin !


Jeudi 7 juillet 2011




Lever comme tous les jours à 6h30. Le chemin n'est pas trop difficile,
juste une bonne montée et nous arrivons à Estella en passant devant un bâtiment décoré d'une belle porte romane.
Déjà quelques pèlerins font la queue en attendant l'ouverture du gîte.
Nous déjeunons de quelques tapas au bord de la rivière avant de partir à la découverte de la ville. Juste au bout de la rue où nous logeons, un superbe palais du 12eme siècle,
puis plus loin, l'ancienne gare ferroviaire construite dans un mélange kitcho-roman de la fin du 19eme siècle.
Des églises bien sûr avec une mention particulière pour St Miguel et son extraordinaire porche roman


Soirée tapas vino tinto


vendredi 8 juillet 2011

Surprise ce matin au lever, d'après une canadienne dormant sur le lit à côté du mien ce n'est pas moi qui ai ronflé le plus fort mais Dominique, qui hier soir se plaignait de mal dormir à cause des ronfleurs !
Nous marchons dans un paysage de champs moissonnés ondulants sous le soleil.
Peu de temps après notre départ nous passons devant des chais dont le mur donnant sur le chemin est équipé d'un robinet distribuant gratuitement du vin ! C'est un peu dur à boire à 7 heure du matin mais nous apprécions le geste
Nous marchons de longues heures dans des champs moissonnés
Arrivée à Arcos, le gîte est tenu par des hollandais efficaces et sympathiques.

Nous visitons l'église et son inévitable retable baroque couvert de dorures. Il faut reconnaître que celui-ci est particulièrement exubérant
 
 
Le soir, menu pèlerin à 10,50€ avec asperges, poulet et glaces.
Nous finissons la soirée en parlant avec deux allemandes dont l'une a fini la bouteille de vin à elle seule !




Samedi 9 juillet 2011


Lever et départ habituel, le temps est doux. C'est la première fois qu'à cette heure je ne porte qu'une chemise manches courtes : Le ciel est un peu menaçant mais cela se dissipera rapidement. Nous faisons une pause café  un peu avant 8 h et pouvons ainsi suivre en direct le lâcher de taureaux de Pampelune.
Passons devant une belle église romane,
le chemin est facile. Pas de grimpette et ainsi nous arrivons à Viana à 11h, bien avant que le gîte n'ouvre. Nous nous installons avec les autres pèlerins à la queue leu leu.
Comme toujours la ville est morte de 14h a 18 h. les après midi sont longs en Espagne quand on ne fait pas la sieste !
Bon repas pèlerin  et nous finissons la soirée sur la place principale pour assister au défilé d'un mariage. 
Si la mariée est un peu ronde, les demoiselles d'honneur sont mignonnes !
Finissons la soirée en réservant notre retour sur Paris  


Dimanche 10 juillet

Le ciel est couvert mais il fait chaud, nous arrivons rapidement à Logrono où nous faisons notre pause petit déjeuner du matin : sandwich et café au lait. J'ai la chance de trouver une librairie qui a encore Le Monde, youpi !
Marche sans difficulté dans un paysage où la vigne remplace lentement les champs de blé.
Nous longeons une autoroute et tout le grillage de protection est couvert de croix fabriquées avec des branches de bois entrecroisées dans les mailles du grillage.


Certaines sont composées de ficelles ou de bout de sacs en plastique
Arrivée à Viana : belle auberge de pèlerins installée dans une vieille demeure avec un large auvent de pierre.

Depuis que nous avons quitté la Navarre les villages sont moins pimpants et font même pauvres et désolés.


Lundi 11 juillet 2011

Ce matin ce ne sont que 18 Km qui nous attendent, nous en profitons pour faire une pause à mi-chemin plus longue que d'habitude. Nous arrivons tout de même à 12 h à Najena. Petit village blotti au pied d'une falaise rouge.
Nous sommes pratiquement les premiers au gîte mais très rapidement la file de sacs à dos s'allonge. L'accueil est agréable mais nous nous trouvons dans une chambre bas de plafond d'une centaine de lits, heureusement il y a la climatisation car avec le toit en tôle ce serait une fournaise. Le soleil s'est levé vers 11h et il tape très fort ! 
Il n'y a que 4 douches pour tout le monde. Il faut faire la queue, tout compte fait je commence à douter des valeurs du collectivisme !
En moins de 2 heures, le gîte est complet. Ce qui est étonnant c'est qu'en 2 jours la population a complètement changé : peu d'espagnols (ils étaient plutôt âgés) et une majorité de jeunes dont il est difficile de juger leurs origines, car tout le monde parle anglais !
Ce qui est remarquable c'est que malgré la surpopulation du dortoir, il reste très silencieux car il y a toujours des personnes qui dorment pour récupérer des fatigues de la journée.
Avec Jean nous partons visiter la ville, nous sommes surpris en sortant de la chaleur accablante qui nous tombe dessus. Une chance, le monastère que nous visitons est frais et parcouru de courants d 'air  bienvenus
Une histoire de roi, de chasse, se terminant dans une grotte est à l'origine de cette bâtisse.
La grotte est toujours visitable au bout de la nef. Il y a bien sûr un retable tout doré dont une des décorations fait penser à un dragon asiatique ou plutôt balinais (voir la photo quand je pourrais en mettre ! )
Le plus remarquable est à l'étage : une série de stalles en bois ornées de superbes sculptures



Avec jean nous sommes invités à partager le dîner des jeunes français et canadiens mais je n' ai pas envie de retourner dans ce gîte bondé.
Pour me remonter le moral nous faisons une tournée des bars à tapas.
C'est très démoralisé que je retourne me coucher dans le dortoir. C'est ma journée la plus dure moralement.


Mardi 12 juillet 2011

La vigne se fait de plus en plus rare, elle est remplacée par des champs de blé.
Nous n'avons pas vu passer les 22 Km du chemin et arrivons particulièrement frais à St Domingo de la Calzada.



Très agréable surprise : le gîte est tout neuf  ! Nous n'en avons encore jamais rencontré un aussi agréable. 
Au rez-de-chaussé, accueil prévenant, garage à vélos ( beaucoup d'espagnols font le chemin de cette façon) Au premier étage un dortoir de 30 places, cuisine bien équipée, grande salle à manger, spacieux salon garni de  fauteuils profonds . Au deuxième, d'autres dortoirs et des sanitaires à profusion. Quel changement par rapport à hier !
Nous avons une petite faim et prenons un menu à midi au lieu de l'habituel sandwich.
En fin de journée nous allons visiter l'église qui est aussi un musée, tout y est mis particulièrement bien en valeur.
Une surprise nous y attend : un poulailler dans la nef ! Survivance d'une légende locale : un pendu ressuscité. Quand on annonce la chose au seigneur local qui est en plein repas, il s'esclaffe : il est mort comme les deux poulets rôtis qui sont dans mon assiette, et voilà les volatiles qui se mettent à bouger et à caqueter !
Faisons un tour dans le Parador local installé dans un ancien couvent. Nous en profitons pour y boire un verre, l'endroit nous change des dortoirs !
Nous dînons dans le même restaurant qu'à midi, peut être les généreux avantages de la serveuse nous ont ils influencés ? Nous ne regrettons pas ce choix car à la table à coté de nous se trouve un groupe bruyant, joyeux, animé par une brésilienne d'une cinquantaine d'années, tatouée, percée, mais créant une superbe ambiance.
Donc une journée plutôt agréable et qui me remonte le moral qui en avait bien besoin !


Mercredi13 juillet 2011

Le ciel est couvert et un vent glacial nous accompagne, la pluie ne tarde pas à arriver.

Heureusement un bar nous accueille à temps pour laisser l'averse passer. Le temps de déguster un bocadillo au jambon et de nous permettre de voir en direct le lâcher de taureaux de Pampelune !
Dans la campagne faite de longues ondulations de terrain, plus de vigne mais du blé  et surprise deux champs de pavots !

Nous arrivons transis de froid au gîte et passons une bonne heure dans nos duvets à nous réchauffer !
La ville n'a pas un grand intérêt et nous passons un bon moment sur internet. Nous y sommes au chaud et cela vous permet de suivre nos aventures !
Nous visitons une église qui une fois de plus sert de perchoir à des nids de cigognes. Un arrêt à la place centrale et nous avons fait le tour de ce qu'il y avait à voir.
Le soir dîner au gîte où pour la première fois nous mangeons sur des nappes. Quel luxe même si elles sont en papier.



Jeudi 14 juillet 2011

Nous sommes méfiants vis à vis de cette étape car elle fait 28 Km et nous avons à franchir un col à 1200 m,  soit près de 500 m de dénivelé.
Heureusement il fait beau, juste un peu couvert afin de ne pas avoir trop chaud.
La montée n'est pas trop dure exception faite d'un petit passage après la ville de Villafranca. Nous avons la chance de voir dans les champs de blé, au loin,  un cerf ou une biche qui gambade tranquillement.
Arrivés au col nous passons 10 Km à marcher dans une grande allée forestière. C'est rapidement monotone !
Arrivés au monastère de San Juan de Ortega où nous avions prévu de nous arrêter, nous continuons, car si le monument est très beau il n'y a rien à y faire. C'est d'ailleurs ce que notre hospitalier nous avait recommandé hier.
De plus nous ne sommes pas fatigués et il ne nous reste que 4 km pour atteindre le village d'Ages.
Ce dernier ne semble vivre que par le passage des pèlerins ! Il y a au moins 6 ou 7 auberges. Nous choisissons la municipale, ce qui est un bon choix : grande salle haute de plafond avec de nombreux lits, des sanitaires comme d'habitude très propres.
Ici non plus il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est l' inévitable église.
Nous apprenons par nos voisins de chambre que nous sommes à peu de distance d'un site classé au patrimoine mondial de l'humanité : Atapuerca où ont été trouvés les restes du plus vieil homme de l'Europe.
Nous nous présentons sur la place du village pour attendre la venue du bus qui nous y mènera. hélas il est complet et nous ne pourrons pas faire cette excursion.
En fin de journée nous rencontrons une pèlerine qui nous informe qu'à Burgos où nous serons demain il y a un nouveau musée où sont présentées toutes les découvertes d'Atapuerca et que c' est très bien fait et bien plus explicatif que sur le site même.



Vendredi 15 juillet 2011

Rien à dire de particulier sur le chemin lui même. Pour les 12 premiers Km : des montées, des descentes et des champs de céréales.
Si ! Quand même ! Une tchèque parlant très bien le français m'aborde lors de notre pause de 9h pour parler avec moi ! Hélas elle arrête le chemin ce soir !
Pour entrer dans la ville nous prenons l'option directe par la zone industrielle, c'est effectivement long (7Km) et fastidieux.
C 'est la première fois que le chemin est aussi mal balisé en ville !
Nous sommes parmi les premiers devant l'auberge municipale qui est toute neuve, bien que la façade, vestige d'un bâtiment ancien, a été conservée.
Les lits superposés sont dans des sortes d'alcôves avec un grand placard pour mettre son sac et chaque lit a sa propre lampe de chevet et prise de courant.
Après nos habituelles ablutions nous partons à la découverte de la ville. Passons devant le monument du Cid, oui ! Celui que nous avons tant étudié dans nos jeunes années est le héros de Burgos . " O rage ! O désespoir ! ..."

Nous continuons par le fameux musée sur les découvertes d'Atapuerca, grandiose !
Jean est vite fatigué et rentre se reposer tandis que je pars a pied pour le monastère de Las Huelgas Reales : quinze minutes de marche au soleil, je suis heureux d'y arriver et de pouvoir me rafraîchir à une fontaine. L'intérieur est intéressant. Ici se trouve la plupart des tombes des rois espagnols du 12eme siècle.
Retour au centre ville pour voir la cathédrale d'un gothique flamboyant très semblable aux nôtres. Tout est grand et beau ! 
Ce qui est étonnant  dans un pays aussi catholique que l'Espagne c'est que très souvent il faut payer pour entrer dans une église ! En tant que pèlerin nous avons droit à un tarif réduit sur présentation de notre crédanciale ! Avis aux radins, il vaut mieux visiter l'Espagne à pied !
Nous assistons au défilé de danseurs et danseuses folkloriques certaines étaient bien mignonnes, sans doute envoyé par le malin pour mettre les pèlerins à l'épreuve !

 

Soirée tapas avec la chance de trouver un exemplaire du Monde.


Samedi 16 juillet 2011

Nous nous levons à 5h et quittons le gîte une demi-heure après. Nous n'avons qu'une petite étape de 20 Km, mais la ville où nous voulons nous arrêter n'a qu'un gîte de 40 places, nous devons donc y arriver le plus tôt possible, d'où ce départ alors qu'il fait encore nuit.
Nous faisons de longs zigzags entre les piles d'échangeurs d'autoroute puis une bonne montée, Jean commence à avoir mal à une jambe.
Nous arrivons à 10h30 : les premiers. Il commence à faire très chaud, nous attendons l'heure d'ouverture en nous mettant a l'abri sous le porche de l'église. Si le gîte est petit, il est comme toujours propre et bien tenu.
Le temps passe lentement car il n'y a rien à voir, nous en profitons pour nous reposer dans notre chambre qui heureusement est en rez-de- chaussée ce qui fait qu'elle reste fraîche malgré la chaleur de plus en plus accablante.
Certains, pour passer le temps, boivent des cannettes de bière et en font des châteaux !
Bon dîner pèlerin dans l'auberge sur la place de l'église.


Dimanche 17 juillet 2011

Dès le départ, Jean commence à avoir mal à une jambe et cela va aller de plus en plus mal.
Nous montons sur un plateau couvert d'éoliennes, le ciel est très couvert et un vent froid nous assaille.
Nous espérons toujours voir le village de Hontanas pour nous y arrêter et prendre un petit déjeuner, mais même signalé à 500 m il reste invisible ! Brusquement une vallée découpe le plateau et apparaît Hontanas. Comme beaucoup de villages dans cette région, il se résume à une rue toute en longueur avec un étrange mélange de maisons très belles entourées de ruines d'autres maisons.
Quand nous repartons la marche devient de plus en plus difficile pour mon ami qui est régulièrement obligé de faire une pause. Ce sera ainsi sur les 9 derniers Km de la journée.
Nous passons dans les ruines de San Anton puis en rentrant dans Castrojeriz dominé par une colline où se dressent les restes d'un château. Là où se livrèrent de nombreuses batailles entre musulmans et catholiques au 10eme siècle. Nous faisons une halte devant la collégiale de Santa Maria del Manzano.
Pour une fois, nous ne sommes pas parmi les premiers à arriver au gîte ! Il est tenu par un grand barbu très accueillant au look baba-cool. Seul inconvénient, il y a beaucoup de mouches !
Nous prenons un léger déjeuner sur une agréable terrasse, puis repos pour Jean. 
Nous nous demandons ce que nous pourrons faire comme chemin demain vu son état ?
Pour le moment une seule chose est à faire : se reposer !
En fin de journée je fais un tour dans la plus grande des 3 églises de la ville, j'y découvre de belles tapisseries ayant gardé toutes leurs couleurs et un gentil cloître roman.
Soirée dîner pèlerin avec le même groupe composé des 3 canadiennes, de Dominique et Romain.
En rentrant au gîte nous avons droit à un récital de chansons sur le Chemin de St Jacques dans le style folk song de notre jeunesse.


Lundi 18 juillet 2011

La journée commence par une interrogation que pourra faire Jean aujourd'hui?
Nous devons d'abord faire 10 Km avant de trouver un hébergement. Y arrivera-t-il ?
Nous quittons Castrojeriz et devons rapidement monter sur le plateau. Ce sera une très belle ascension car le soleil se lève en même temps et éclaire la plaine qui s'étale devant nous.
Le ciel est clair et un agréable vent rend nos efforts moins pénibles.
Jean monte bien. Même mieux que moi ! C'est bon signe !
Sur le plateau en face de nous, un immense champs d'éoliennes.
Jean avance toujours !
En passant à Boadilla del Camino nous voyons un "rollo" pillier juridictionnel où était affiché les réglements et lois.
Au bout des 10 Km Jean est toujours en forme, même s'il reconnaît avoir un peu mal. Donc nous faisons 8 Km de plus et il arrivera jusqu'au bout de l'étape soit 26 Km ! Bravo Jean !
Ni lui ni moi pensions qu'il pourrait faire tout ce trajet ! Un nouveau miracle sur le chemin !
A l'arrivée c'est moi qui ai deux ampoules !
Avant d'entrer en ville nous passons au dessus de vielles écluses abandonnées.
Pour fêter cela, au sandwich du midi, nous ajouterons de grosses glaces couvertes de chantilly !
Fromisia a la particularité d'avoir de nombreuses maisons précédées d'un perron couvert tenu par des piliers de pierre.
Il y a bien sûr de nombreuses églises, dont une est remarquable par son unité architecturale romane. A l'intérieur les piliers sont coiffés de chapiteaux illustrés et à l'extérieur, sous le couvert du toit, tout autour du bâtiment, plus de 300 représentations de figures humaines, de monstres ou d'animaux font une frise surprenante.
Il faut dire que l'église a été complètement restaurée dans les années 60. Une maquette à l'intérieur représentant l'édifice avant ces travaux permet de se rendre compte du travail accompli.
Le soir au dîner Jean est un peu dur avec Romain, qui a encore l'inexpérience et la naïveté de ses 21 ans.

Mardi 19 juillet 2011

Nous commençons la journée par une agréable marche le long d'un canal, que nous quittons au bout de 3 h pour rejoindre la route principale où se trouve parait-il une superbe église: Pas de chance elle est en réfection et nous devons maintenant suivre la nationale sur un chemin tout droit et venteux.
Nous faisons la connaissance d'un vieux pèlerin
Nous arrivons à Carrion de los Condes frigorifiés mais la jambe de Jean a bien tenu. Le gîte est tenu par des sœurs habillées tout de blanc. L'accueil est agréable mais les installations, si elles sont comme toujours très propres sont un peu sous-dimentionnées.
Pour nous réchauffer,  pizza et vin rouge, mais il est un peu trop fort ou nous en avons trop bu. En tout cas nous passerons une bonne partie de l'après-midi à dormir !

Nous avons quand même le temps de visiter quelques églises et surtout le monastère de San Zoilo et son cloître dont le déambulatoire a un plafond qui "dégouline" de sculptures.
Le soir nous faisons une provision de bouteilles d'eau car demain, une étape de 17 Km nous attend sans ravitaillement possible, pas même une fontaine.



Mercredi 20 juillet  2011

Le chemin est tout droit, sans relief, mais par rapport aux autres jours le paysage est plus varié : il y a des arbres, de petits ruisseaux, des bosquets. Au nord nous apercevons une ligne de montagnes, cela nous change des étendues sans fin de céréales.



Nous arrivons à l'étape du jour : Calzadilla de la Cueza à 10 h du matin. Nous avions l'intention de nous arrêter ici, mais n'étant pas très fatigués, le hameau tout petit, la jambe de Jean allant plutôt bien, nous décidons donc après un bon bocadillo de continuer jusqu'à Ledigo à 6 km de là.
Nous arrivons dans un grand gîte avec un sympathique accueil, il y a même une piscine et dans la cuisine un four à pain en terre.
Ce qui est particulièrement agréable c'est qu'il y a de l'espace : un grand salon avec des fauteuils, un jardin, une cour.. Après plusieurs journées où le seul endroit calme était notre lit cela fait du bien à notre moral.
Nous dînons avec un charmant couple d'anglais : Carla et Brian. Non seulement ils parlent très bien le français mais leur anglais est facile à comprendre.


Jeudi 21 juillet 2011

Nous nous levons plus tard que d'habitude 6 h 20, au lieu de 6h ! Il y a du laisser-aller !
En cours de route l'inévitable arrêt pour manger un bocadillo.
Avant d'arriver à Sahagun, nous faisons une halte à la chapelle de la Viergen del Punento dont le chœur est du 11ème siècle en brique  avec des arcs outrepassés à la façon arabe.
Le gîte est surprenant : il est installé dans une ancienne église qui a perdu son toit. Les lits sont donc à la hauteur du reste des ogives !
Nous allons ensuite visiter les différentes églises et monastères de la ville qui sont tous sur le même modèle : en briques avec des ouvertures aux formes orientales.
 


Vendredi 22 juillet 2011

Nous n'avons que 18 Km à parcourir mais ce n'est qu'une longue ligne droite dans la plaine. Seule animation dans le paysage, une rangée ininterrompue d'arbres qui abriteront du soleil les pèlerins, quand ils auront grandi !
Nous croisons également une ligne de TGV en construction, où d'étranges conseils aux pèlerins sont affichés
En arrivant au village nous sommes abordés par une femme qui nous propose une chambre dans sa maison, comme le gîte municipal n'est pas encore ouvert nous acceptons. Enfin une chambre rien qu'à nous ! Le tour du village est vite fait : une église avec des nids de cigognes sur le clocher et une grande rue sans charme aux maisons de briques.
Pour la première fois nous rencontrons plusieurs français.
Depuis 2 jours nous trouvons de nombreuses maisons faite en torchis, ce qui est nouveau.
Par contre toujours autant de maisons à vendre ou en très mauvais état.
Dîner dehors avec un couple de Tours.


Samedi 23 juillet 2011

Même chemin qu'hier tout droit et un arbre tous les 10 m !

A la pause de 1h, croisons une femme suisse qui vient de Bâle et qui est sur le chemin du retour : 6 à 7 mois de trajet ! 
Arrivons à Mansilla de las Mulas : une surprise nous y attend : une fête médiévale dans toute la ville avec animations, commerces, et beaucoup de monde. Pour accéder au gîte il faut d'abord présenter sa crédenciale afin de prouver notre statut de pèlerins et non des touristes venus pour la fête
Pour déjeuner nous faisons le tour des bars avec dégustation de tapas, nous sommes surpris par un spécimen au bon gout de ragout, avec une chaire molle, qui fond dans la bouche : c'est du mou !
Le soir l'hospitalière est  habillée avec une grande bure et le chapeau des pèlerins, elle nous donne une bonne nouvelle : exceptionnellement à l'occasion de la fête, le gîte fermera ses portes à 23 h !
Nous quittons nos amis demain et Jean propose de leur faire à manger : une ratatouille. Ce sera une découverte pour nos trois canadiennes !

La soirée ensuite se passe à déambuler en ville où un grand barbecue est organisé : pour 4 € on a droit à une assiette avec saucisse, travers de porc, pain et verre de vin.
Une longue queue serpente sur la place principale ce sont tous les habitant du village toutes classes sociales confondues qui attendent leur tour pour ce dîner.
22h30 retour au gîte. Presque tout le monde dort déjà ! Cela nous donne l'impression d'être des fêtards rentrant à point d'heure !


Dimanche 24  juillet 2011

Très beau lever de soleil avec des couleurs rouges étonnantes.
Pour notre dernier jour de marche nous avons droit à une pause bocadillo sortant de l'ordinaire : nous sommes accueillis par de la musique classique et le patron fait le service en sarong !
L'arrivée sur Léon est pénible nous traversons des zone industrielles sans jamais voir la fin pendant plus d'une heure.
Pour rejoindre notre hôtel nous traversons le centre historique et nous avons la chance de retrouver nos amis anglais que nous ne pensions pas revoir.
Notre dernière nuit va se passer dans un 4 *, cela nous change des dortoirs et salle de bain commune. Ici elle est en marbre rouge !
Nous retournons en ville pour prendre un vrai déjeuner, pour moi ce sera un plat combinant queue de taureau et ris de veau, délicieux !
Jean est fatigué et nous retournons à l'hôtel pendant la grosse chaleur de l'après midi.
Nous menons une vie de nantis et prenons le taxi pour rentrer, c'est un luxe abordable : 5€ à nous deux !
En fin de journée nous faisons les touristes en ville : la cathédrale,
la maison dessinée par Gaudi, il a fait mieux à Barcelone!
Nos apprécions particulièrement les petites places qui lentement se remplissent de terrasses où vers 20h toute la population se retrouve pour déguster des tapas.
 
Pas toutes ! Les personnes âgés sont assises aux terrasses des cafés dans la grande rue piétonne, qui se transforme ainsi en centre récréatif pour séniors !
De tapas en verres de vin, nous faisons la connaissance d'un couple et passons un bon moment à parler avec eux et à suivre leurs conseils sur le choix des tapas.
Retour à l'hôtel en taxi !
Nous nous couchons assez tôt car notre avion demain est à 6h45
Nous avons trouvé un vol Léon, Madrid, Paris pour 145 € en comparaisons notre trajet par la SNCF Paris, Bayonne, St Jean Pied de port à 107 € nous parait bien cher !


Lundi 24 juillet 2011

Sur notre convocation pour l'aéroport, il nous était demandé d'être là 2h avant le décollage.
Nous avons réservé un taxi pour 5h00, pour arriver 1h30 avant le vol, ce qui nous semblait raisonnable.

Après une rapide traversée de la ville endormie nous arrivons en vue du grand bâtiment moderne, il est étrangement sombre.
Sortis du taxi nous nous heurtons à une porte close ! Nous devons nous rendre à l'évidence l'aérogare n'est pas en service !
C'est la première fois que cela m'arrive !
Nous ne sommes d'ailleurs pas seuls, il y a aussi un américain qui doit être là depuis un moment et qui explique que sa femme est tellement fâchée de s'être trouvée en pleine nuit devant un aérogare fermé qu'elle ne lui parle plus ! Nous nous asseyons sur un banc et attendons la suite des événements.

Au bout de 10 mn une voiture arrive, nous nous disons que nous allons être moins seuls !
Un homme s'approche de la porte où nous sommes,  fouille dans son sac, en sort un trousseau de clés et nous ouvre la porte !
Nous rentrons dans un hall noir uniquement éclairé par les lumières de sécurité, il faudra encore attendre 10 mn pour avoir droit aux illuminations d'un aéroport dignes de ce nom. l'embarquement va être sur le même registre : une demi heure avant le décollage il n'y a que 10 personnes qui ont pu enregistrer car c'est une hôtesse débutante qui est aux commandes et sa duègne ( nous sommes en Espagne ! ) est obligée de tout refaire derrière elle !
Dix minutes avant le décollage nous passons les contrôles de sécurité, avançons sur la piste où nous attend un petit avion à réaction de 50 places qui sera à moitié vide !
C'est sûr ce n'était pas vraiment nécessaire d'arriver longtemps en avance !

La suite du voyage sera plus traditionnelle : escale à Madrid et arrivée sans problème à Orly presque à l'heure

Je dois quand même revenir sur cette aérogare complètement fermée, je n'avais encore JAMAIS vu cela même en Inde ou pourtant il faut s'attendre à tout !




Le voyage s'arrête ici au bout 450 Km en 20 jours mais il nous reste encore 350 Km à faire pour arriver enfin à Saint Jacques de Compostelle : ce sera pour l'année prochaine !